Prochaines conférences et expositions

Début 2020, je donnerai trois conférences à ces lieux et dates :

A Lyon, le 7 janvier à 19h30, à la Maison de l’environnement, 14 avenue Tony Garnier.

A Grenoble, le 8 janvier à 19h, à la Maison de la Nature et de l’Environnement (MNEI), 5 place Bir Hakeim, salle Robert Beck.

A Montpellier, le 10 janvier à 20h, à la Gazette café, 6 rue Levat.

L’exposition sur les oiseaux de Guyane est visible à Lyon, à la Maison de l’Environnement, jusqu’à fin janvier. Elle sera ensuite tout le mois d’avril à Arrens Marsous, à la Maison du Parc national des Pyrénées.

90 jours à Kerguelen

Je pars travailler sur les éléphants de mer à Kerguelen, pour le CNRS de Chizé, d’août à décembre. Je vais réaliser des documents pédagogiques destinés aux élèves de primaire sur ce voyage et sur mon travail, regroupés sous le titre « 90 jours à Kerguelen ». Ces documents seront tous consultables et téléchargeables à la page « kerguelen » de ce site. Il y en a déjà cinq, n’hésitez pas à les consulter. Bonne lecture.

Eléphants de mer

Manguiers #1

Cayenne, en Guyane française. Dans un jardin du Mont Bourda deux vieux manguiers dominent la mer. Celui de gauche est très touffu, un palmier pinot se fraye un chemin parmi ses branches. Celui de droite commence à dépérir. Certaines branches n’ont que peu de feuilles, quelques branches mortes apparaissent, même dans les têtes.

En février celui de droite était en fleur, celui de gauche était en fruit. L’abondance des manguiers : des grappes de fruits pendent, murissant doucement. Chaque jour quelques mangues tombent. Des agoutis sont là et s’en nourrissent. Quelques adultes, une femelle et ses deux petits. Cette quantité de nourriture attire beaucoup d’animaux dans l’arbre. Des tamarins à mains dorées passent tous les jours. Ils arrivent des arbres voisins et traversent souvent le manguier de droite. Ils sont six ou sept. Un jeune est encore sur le dos de sa mère, au moins pour les grands déplacements. Les adultes se répartissent dans l’arbre. Ils grignotent les mangues, en font beaucoup tomber, la plupart à peine entamées. Un peu plus tard trois écureuils des Guyanes (Sciurus aestuans) viennent eux aussi prendre leur repas. Ils se courent après. L’un d’eux, plus petit, à l’air encore jeune. Les deux autres paradent, museau contre museau, puis s’accouplent, à la verticale, sur le tronc d’un amandier voisin. La nuit, des couendous arrivent à leur tour. Ils rejoignent l’arbre en passant devant la maison, facilement visibles sur les branches basses. Dès qu’ils montent pour se nourrir ils disparaissent dans le houppier. Seul le bruit discret de leur repas trahit encore leur présence.

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Loutre

Ile d’Hornøya, au nord du Varanger, au large de la petite ville de Vardø. Cette île accueille une très grande colonie d’oiseaux marins, essentiellement des Laridés (mouettes tridactyles et goélands) et des Alcidés (macareux, pingouins tordas, guillemots). Plusieurs dizaines de milliers de couples de guillemots (de Troïl, pour la majorité, et quelques Brünnich) nichent dans les falaises et sur certains replats. Le mer au pied de l’île est souvent couverte d’oiseaux. Très régulièrement, plusieurs fois par minutes, chaque oiseaux immerge sa tête sous l’eau, semblant surveiller le fond.

La raison de ce comportement s’explique peut être par la présence de loutres dans ces eaux. Essentiellement piscivores, les loutres diversifient leur régime alimentaire quand elles en ont l’occasion. A Hornøya, une loutre au moins s’est spécialisée dans la chasse estivale au guillemot. Elle chasse presque quotidiennement, à la pointe nord de l’île, avec apparemment la plus grande facilité. La plupart du temps, elle semble s’attaquer à des oiseaux isolés, moins promptes à la repérer. Elle s’approche sous l‘eau et capture le guillemot par dessous, avec ses pattes et ses dents. De temps en temps l’oiseau arrive à s’échapper. Mais généralement, après un bref combat, elle arrive a prendre le cou du guillemot dans sa gueule pour ensuite rejoindre la rive en nageant en surface. Souvent, elle mange les guillemots dans un lieu discret : une petite grotte dissimulée dans une faille. L’entrée est juste au-dessus de l’eau. Les plus grosses vagues, à marée haute, la balayent. Entre deux tempêtes, les restes de ses repas s’accumulent, parfois six ou huit guillemots partiellement dévorés s’étalent sur les rochers. La facilité de cette chasse la rend sélective : elle ne mange que les filets, le reste est délaissé.

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Pic mar

Un vieux merisier devant une grange en ruine, entourée de grands frênes. L’arbre est presque mort. Seul un rejet, qui part du milieu du tronc, arrive encore à faire des feuilles. Dans une des charpentières, morte depuis longtemps mais encore en place, un couple de pics mars niche.

4 mai : Depuis quelques jours les poussins sont nés. Ils sont encore discrets, leurs cris ne franchissent pas l’ouverture du nid. Les deux parents nourrissent et, après chaque nourrissage, restent au nid pour couver les jeunes. L’arrivée de l’un devant le trou en fait sortir l’autre. Les nourrissages sont encore rares. Les oiseaux partent fréquemment vingt minutes ou une demi-heure, parfois moins.

7 mai : Quelques jours ont passé. En grandissant les poussins sont de moins en moins couvés. Leur plumage se construit, leur capacité de thermorégulation augmente, en même temps que leurs besoins en nourriture. Petit à petit le rythme des nourrissages s’intensifie. Les adultes disparaissent rarement plus d’un quart d’heure et reviennent le bec chargé d’insectes. Il fait chaud aujourd’hui et la chasse est bonne. Les pics attrapent beaucoup de mouches, certaines chassées en vol, à la manière des gobemouches.

16 mai : Les poussins sont de moins en moins discrets. Leurs piaillements émergent en continu du nid et le rendent facile à repérer, pendant quelques jours encore. Les jeunes sortent peu la tête, seul le bec dépasse de temps en temps. Les allers-venues des adultes sont maintenant rapprochées. Il s’écoule souvent moins de trois minutes entre deux nourrissages, parfois un quart d’heure. Les parents ne rentrent plus dans le nid que très rarement, le temps de récupérer la fiente des poussins pour l’évacuer dans leur bec.

19 mai : Jour de pluie. La chasse est moins bonne aujourd’hui. Régulièrement les adultes nourrissent les poussins avec des baies de lierre. Ils trahissent ainsi un régime alimentaire partiellement frugivore, comme nombre de pics tropicaux.

24 mai : Les poussins (dont le nombre est impossible à déterminer) sont proches de l’envol. Toute la journée la tête de l’un d’eux émerge du nid. Le plumage a l’air complet, nul trace de duvet n’est visible. Ils crient presque en continu, d’un cri proche de celui des adultes désormais. Les nourrissages se poursuivent, toujours aussi rapprochés et brefs. Les adultes se croisent rarement sur le merisier.

26 mai : L’envol a lieu un week-end pluvieux. De temps en temps les pics crient dans la forêt alentour. Ils circulent encore dans les grands frênes mais sont maintenant beaucoup plus discrets.

Cliquez sur les images pour les agrandir.